Jean bart croqtabouille

Roman: Meurtre à Dunkerque "Sous l'oeil de Jean Bart" Chapitre 8 (Roger Constantin & Krystel)

Photo d'illustration:  La statue de Jean Bart à Dunkerque

 

 

Roger Constantin & Krystel

 

Meurtre à Dunkerque

"Sous l’œil de Jean Bart"

 

Résumé

Dunkerque, 27 août 2014, Place Jean Bart.

Yorick Leroy découvre son épouse Eva, morte dans la salle de bains, la veille de leur dixième anniversaire de mariage.

Accident ou suicide?

Persuadé qu'il s'agit d'un crime, le commissaire Magnac ouvre une enquête.  Les mensonges s'accumulent chez les antagonistes.  Yorick mène une double-vie avec Petra son ambitieuse maîtresse.  David son meilleur ami ment aussi.  

Et même la caissière du supermarché!

Mais qu'ont-ils de si important à cacher?

Et si Jean Bart avait tout vu depuis son piédestal?

 

Dunkerque hotel ville

Dunkerque : L'hôtel de Ville

 

 

Cette oeuvre est une pure fiction.

Toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ou ayant existés ne serait que fortuite et involontaire.

 

 

Chapitre 8

En attendant l’arrivée de l’ascenseur au rez-de-chaussée de l’hôpital, Richard tomba nez à nez avec une pétillante rousse à la crinière sauvageonne qui en sortait. Elle le tétanisa un instant par son regard de braise et son sourire de diablesse. Comment ne pas céder à la tentation d’une telle créature ? Richard se dit que l’heureux élu qui en jouissait, était un sacré veinard !

Il la regarda s’éloigner dans le couloir puis, reprenant ses esprits, il prit le lift avant de se diriger vers la chambre de Yorick Leroy.

Lorsqu’il y pénétra, il remarqua d’abord un téléphone portable posé sur la table de nuit, à côté du lit, et ses yeux se posèrent sur le patient à moitié endormi.

—Bonjour, monsieur Leroy ! Comment vous sentez- vous ? S’enquerra Richard d’une voix assourdie pour entamer le dialogue.

À pas de loup il s’avança vers le lit. Surpris d’une telle visite, Yorick se dressa sur ses coudes pour se relever.

—Comme vous le voyez commissaire, trop bien ! Si j’avais pu rejoindre Éva pour être tranquille! Mais la faucheuse n’a pas voulu de moi et je suis là... triste, seul et complètement abattu... c’est terrible ce qui m’arrive !

—Ne vous laissez pas abattre monsieur Leroy. Je sais que c’est très dur à admettre, mais soyez certain que je compatis à votre douleur. Sans trop vous fatiguer, j’aimerais vous poser quelques questions ?

Richard Magnac tira une chaise se trouvant près de la fenêtre et la plaça au chevet du pauvre veuf.

—Oh, commissaire ! Vous ne pouvez mesurer l’ampleur de ma souffrance. Éva était toute ma vie. Nous étions si heureux ensemble !

—Pourtant, votre couple avait l’air d’être un peu émoussé ces derniers temps. Votre femme était déprimée depuis un moment, non ? Vous me l’aviez d’ailleurs laissé sous-entendre, mercredi soir, lorsque je vous ai parlé du verre vide posé sur la tablette, à côté du divan. Vous m’aviez alors signalé qu’elle abusait de l’alcool depuis ces dernières semaines.

—Oui, c’est vrai. Mon épouse s’est mise à la boisson depuis un mois sans que j’en connaisse la raison. J’ai bien essayé de discuter du problème avec elle, mais elle montait sur ses grands chevaux quand j’abordais le sujet. C’était impossible d’avoir une conversation sérieuse avec elle. Elle est entrée subitement dans une sorte de mutisme dépressif. C’est inexplicable. J’ai contacté le psy qu’elle avait consulté en 2006, suite au décès accidentel de ses parents. Il ne comprenait pas non plus. 

—Quand vous dites « subitement », pouvez-vous me préciser une date ?

—Oui, c’était le dernier samedi de juillet. Le 26, si j’ai bonne mémoire. Je m’en souviens car je l’ai appelée le vendredi, en début de soirée, pour lui dire que je ne rentrerai pas d’Asnières à cause d’une réunion et que je serai de retour le samedi en fin de matinée. Elle m’était apparue complètement indifférente au bout du fil alors que d’habitude, elle attendait mon coup de téléphone avec impatience, avant que je prenne la route et elle se réjouissait toujours de mon arrivée.

—Et à votre retour le samedi ? Enchaîna Richard tout en se frottant le front du bout des doigts.

—Quand je suis arrivé à la maison, elle était affalée sur le canapé, entièrement nue et à moitié ivre. Dès qu’elle m’a vu, elle s’est mise à rire. D’un rire hystérique. On aurait dit une folle échappée d’un asile psychiatrique. Elle riait, mais ses yeux étaient rougis et ses paupières gonflées, comme si elle avait pleuré durant des heures. Je ne l’avais jamais vue dans cet état, pas même en 2006. C’était le contraste total avec le week-end précédent.

—Que voulez-vous dire par contraste total, monsieur Leroy ?

—Le lundi précédent, elle était prévenante et attentionnée, fidèle à son habitude. Elle essayait de retarder mon départ par n’importe quel moyen, me jouait le coup de la vamp avec ses petites tenues affriolantes et ses stripteases. Bref, vous comprenez ce que je veux dire... elle... elle ne me laissait jamais partir sans des derniers moments coquins et là... plus rien ! Elle ne voulait même plus que je la touche !

Yorick ne put retenir quelques larmes. Il prit un mouchoir sur sa table de chevet, s’épongea les joues et se moucha. Le commissaire ne se laissa pas pour autant apitoyer et continua son interrogatoire. Il apprit qu’Éva avait totalement chaviré dans un alcoolisme aigu à partir de ce moment-là. Elle, si coquette de coutume, avait abandonné toute féminité et se négligeait. Ne se lavant que quand elle sortait de son ébriété et abandonnant son maquillage habituel, elle ne se rendait plus ni chez son coiffeur, ni chez son esthéticienne. Elle ne portait même plus ses somptueux bijoux. Éva restait toute la journée en nuisette, cloîtrée dans son appartement.

—Avez-vous une idée des raisons qui auraient pu causer ce changement brusque ?

—Non, je vous l’ai dit ! Il s’est passé quelque chose entre mon départ du lundi 21 juillet et mon retour le samedi ! Mais quoi ? Si je savais !

—Étant donné son état, vous avez pris des congés pour rester auprès d’elle je suppose ?

—Non, il m’était impossible d’en prendre, hélas. Je repartais après chaque week-end à mon appartement d’Asnières. Éva m’assurait qu’elle pouvait se débrouiller. C'étaient pratiquement les seules paroles qu’elle m’adressait du week-end avec des « laisse-moi tranquille » et des « non je n’irai pas voir ton psy ».

—Et pourquoi avez-vous un appartement à Asnières monsieur Leroy ?

—Pour mon travail... et ce depuis ma mutation au siège social de la société. Éva était d’ailleurs d’accord pour... la location de ce studio. Ce pied-à-terre m’évitait de longs déplacements quotidiens. J’aurais... j’aurais aimé qu’elle m’y rejoigne, mais elle ne voulait pas quitter Dunkerque.

Richard avait remarqué de petites variations dans le timbre de la voix de Yorick. Les réponses aux dernières questions étaient devenues hésitantes. Il se leva, se dirigea vers la fenêtre et jeta un coup d’œil sur le parking. Le silence qu’il faisait subir à Yorick était interminable. De dos, la tête légèrement de profil, la fouine de commissaire pouvait observer son interlocuteur discrètement sans être repéré. Ne supportant plus cette pause forcée, Yorick la rompit le premier.

—À quoi pensez-vous commissaire ?

—À votre défunte femme, répondit Richard en se grattant le front.

C’était un tic que Justine appréciait sans vraiment savoir si c’était une manie ou un moyen de gagner quelques instants de réflexion dans un interrogatoire.

—Et moi donc ! Je ne pense qu’à elle. C’est triste de terminer sa vie ainsi commissaire. Elle était si pétillante de vie !

—C’est d’autant plus triste qu’elle ne s’est pas suicidée et que ce n’est pas un accident ! Déclara le commissaire en fixant Yorick dans le blanc des yeux.

Le visage de ce dernier devint exsangue. Des perles de sueur apparurent sur son front, ses mains moites malaxaient les draps blancs. Il avala sa salive avec difficulté avant de lancer sa réplique.

—Ce... ce... ce n’est tout de même pas un crime ? Ne me dites pas que l'on a tué ma femme ! C’est absurde ! Pourquoi ?

—Pourquoi parlez-vous d’assassinat monsieur Leroy ?

—Vous me dites que ce n’est ni un suicide, ni un accident, c’est donc un meurtre ! Se défendit-il.

—Votre femme a quitté notre monde d’une mort naturelle, tout simplement, monsieur Leroy. D’après le médecin légiste, elle a été victime d’une embolie pulmonaire.

Yorick Leroy reprit des couleurs. Un coup de sang de soulagement cinglait ses joues. Une réaction incontrôlable de la nature humaine qui n’échappa pas au redoutable commissaire Magnac. Sans lui laisser le temps de s’exprimer, Richard enchaîna.

—Vous vous êtes procuré un nouveau portable ?

—C’est celui de ma mère. Elle me l’a laissé quand elle est venue me voir ce matin. Étant donné les circonstances, mes parents sont rentrés dès hier soir de Saint-Aygulf. Je suppose que mon téléphone est resté à l’appartement.

—Non, nous l’avons gardé pour les besoins de l’enquête ! Vous étiez en Belgique vendredi passé, d’après un appel lancé à votre femme dans l’après-midi.

—Oui, à Liège, en voyage d’affaires pour la société ! Je suis rentré à Dunkerque samedi.

—Il y a aussi un numéro qui n’est pas répertorié dans vos contacts et que vous appelez très souvent. Nous avons vérifié l’identité de cet abonné. Il s’agit d’une certaine Petra Keller. Décrivez-moi la nature de votre relation avec cette dame ?

—C’est... c’est une collègue de travail, balbutia-t-il en massant son menton.

—Une collègue apparemment importante pour l’appeler même le week-end et à n’importe quelle heure ! Conclut Richard, mais vous n’êtes pas obligé de m’en dire plus monsieur Leroy puisqu’il s’agit d’une mort naturelle. Veuillez excuser cette déformation professionnelle.

—De rien monsieur le commissaire, répondit Yorick, quelque peu troublé, la voix chevrotante.

On aurait dit qu’il venait d’éviter de passer sous un train.

—De toute façon, vous allez pouvoir quitter l’hôpital. Vous êtes bien remis...

Le commissaire Magnac le salua en lui présentant, une fois de plus, ses plus sincères condoléances. Il quitta la chambre et alors qu’il se dirigeait vers les ascenseurs, il fit demi-tour et retourna voir Yorick. Ce dernier, comme prit en flagrant délit, reposa lestement son téléphone au moment où le commissaire entrouvrait la porte.

—Juste une dernière question Monsieur Leroy. Petra Keller ne serait-elle pas rousse ?

Yorick stupéfait détourna le regard vers la fenêtre sans ouvrir la bouche, mais ce mouvement de tête confirmait la réponse. Richard referma la porte et quitta l’hôpital pour de bon.

 

(à suivre  : le chapitre 9 sera publié demain vers 14 heures)

 

 

Les auteurs

 

A nous milord

Roger Constantin et Krystel à gauche.

A droite Clair Pirotton épouse de Roger ou de Christian, c'est selon...

L'improbable alliance de deux auteurs que rien ne réunissait au départ sauf cet incroyable challenge d'écrire un polar.

Roger Constantin vit au sud de Liège dans les Ardennes belges et son premier roman aborde le domaine sentimental aux dimensions fantastiques.

Krystel habite Dunkerque et écrit des romans historiques, passionnée par la vie de Louis XIV.

Ensemble, ils ont relevé le défi.

 

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