Jean bart

Roman: Meurtre à Dunkerque "Sous l'oeil de Jean Bart" Chapitre 1 (Roger Constantin & Krystel)

Photo d'illustration:  La statue de Jean Bart à Dunkerque

 

 

Roger Constantin & Krystel

 

Meurtre à Dunkerque

"Sous l’œil de Jean Bart"

 

Résumé

Dunkerque, 27 août 2014, Place Jean Bart.

Yorick Leroy découvre son épouse Eva, morte dans la salle de bains, la veille de leur dixième anniversaire de mariage.

Accident ou suicide?

Persuadé qu'il s'agit d'un crime, le commissaire Magnac ouvre une enquête.  Les mensonges s'accumulent chez les antagonistes.  Yorick mène une double-vie avec Petra son ambitieuse maîtresse.  David son meilleur ami ment aussi.  

Et même la caissière du supermarché!

Mais qu'ont-ils de si important à cacher?

Et si Jean Bart avait tout vu depuis son piédestal?

 

Dunkerque hotel ville

Dunkerque : L'hôtel de Ville

 

 

Cette oeuvre est une pure fiction.

Toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ou ayant existés ne serait que fortuite et involontaire.

 

 

 

Chapitre 1

 

Dunkerque, le mercredi 27 août 2014

Le commissaire Magnac mâchonnait son crayon en tapant un rapport sur le clavier de son PC. Un vieux réflexe qui remontait du tout début de sa carrière, dans les années 80, au temps où le crayon était encore très utilisé.

Un geste considéré aussi comme un tic qui masquait, en général, une certaine contrariété chez lui.

Âgé de 54 ans, Richard Magnac était de taille et de corpulence moyenne, il mesurait environ un mètre soixante-dix et affichait une petite bedaine. Ses cheveux grisonnants, coupés court, laissaient apparaître une calvitie naissante.

C’est la bouille rondouillarde, joviale et rubiconde, qu’il avait atterri au commissariat de Dunkerque, quatre ans auparavant.

Ses collègues l’avaient vite surnommé le vieux maniaque. Un malin jeu de mots trahissant ses origines du Gers mais plein de bon sens quant à sa manière de mener une enquête. Tel un fin limier, il était toujours à la recherche du moindre détail.

Voyant l’horloge pointer dix-huit heures, il remit le rapport dans sa farde encombrant le côté gauche de son bureau.

—Bon c’est fini pour aujourd’hui ! Foutue paperasserie administrative ! S’exclama-t-il.

C’était fidèle à son habitude de critiquer cette part du boulot qui le rechignait tant.

—Non pas encore commissaire! Lui répondit sa collègue Justine en poussant la porte entrouverte du bureau.

—Vous me surveillez ou vous écoutez aux portes Justine ?

—Richard ! Je connais ton humeur bougonne lorsque tu plonges ton nez dans tes dossiers. Inutile de faire semblant de ne pas m’entendre.

—Si je comprends bien, nous jouons les prolongations ce soir !

—Bien vu Sherlock ! Avec ce temps enfin un peu plus serein et ce rayon de soleil, je t’emmène faire une balade au centre-ville et dire bonjour à Jean Bart.

—Tu sais, je l’ai déjà salué ce matin mon ami Jean Bart ! Et c’est comme cela tous les jours depuis quatre ans, enfin... presque.

—Ah bon ? Je ne savais pas que le célèbre corsaire était ton ami !

—Normal de l’avoir comme copain de quartier quand on habite rue Dupouy. Tu ne crois pas ?

—Il pourra peut-être nous dire ce qui s’est passé depuis son piédestal, car on a un macchabée dans le coin.

Justine Devos, trente-cinq ans, originaire de Lille, était l’équipière favorite du commissaire. Elle avait obtenu le grade de lieutenante de police au moment de sa mutation à Dunkerque, six mois plus tôt. Malgré son air de garçon manqué et son caractère assez intrépide au boulot, elle avait gardé toute l’élégance de sa féminité.

Elle n’était ni plus grande ni plus petite que Richard et avait une physionomie très mince, à la rigueur, presque frêle. Sa longue chevelure châtain clair encadrait la finesse de son visage et ses yeux verts. Leur expression lui donnait un air de ressemblance assez frappant avec l’actrice Claire Keim.

Justine prit place, côté conducteur, dans la voiture banalisée de service, une Renault Scénic grise. Le commissaire préférait laisser le volant à sa collègue pour une question de concentration sur l’enquête. C’est ce qu’il prétendait. Mais à vrai dire, la conduite n’était plus son point fort depuis qu’il avait provoqué un carambolage important, à la suite d’une folle course-poursuite sur le périphérique de Paris, dix ans plus tôt, lorsqu’il travaillait à la DRPJ 36 Quai des Orfèvres.

—Alors que sait-on de plus sur ce macchabée ? Demanda Richard en bouclant sa ceinture de sécurité.

—On a reçu un appel d’un certain Yorick Leroy, répondit Justine en démarrant le véhicule, il habite un immeuble de la Place Jean Bart. Il a retrouvé sa femme morte dans la salle de bains, à son retour de l’hypermarché Carrefour de Saint-Pol-sur-Mer.

—Eh ! Justine attention, freine bon sang !!!

—Quoi ! Eh, pas de stress Richard ! J’ai bien vu que la BMW blanche allait nous brûler la priorité. Note la plaque au lieu de rouspéter sur ma conduite.

—On en était où déjà ? Ah oui, à l’hypermarché ! Il y travaille ?

—Non. Apparemment il était allé faire des courses là- bas pour organiser une petite réception, demain, à l’occasion de leur anniversaire de mariage. Dix ans de mariage ! Tu te rends compte, cela fait plus qu’un bail.

—Moi j’ai tenu sept ans et c’est déjà....

—Avec ton caractère ronchon, je me demande comment t’as fait pour qu’elle te supporte aussi longtemps! L’interrompit Justine.

—Pfff !!! Et toi alors ? Tu n’es même pas mariée et avant que tu ne te trouves un...

—Ok stop! Tout cela nous écarte de notre conversation.

—Tu as raison... dis-moi alors! Accident, suicide, meurtre ?

—Accident vraisemblablement ! Le mari était complètement effondré au téléphone. Il n’arrêtait pas de répéter : « Et dire que je préparais une surprise pour fêter nos dix ans ! ».

—Le mari aurait-il donné plus de précisions ? Ajouta Richard.

—Non, je n’en sais pas plus. Nous verrons sur place. De toute façon, j’ai déjà envoyé quatre hommes là-bas et contacté le légiste.

—T’as appelé les experts Manhattan au cas où ?

—Non, j’aime mieux ceux de Miami ! Richard, ai-je l’air d’une débutante ?

Il y avait à peine un kilomètre entre le Quai des Hollandais et la Place Jean Bart. Dans quelques instants, le commissaire Magnac et sa dévouée équipière Justine Devos commenceront leur enquête.

Justine s’engagea directement de la rue Clemenceau dans la rue piétonnière de la Place Jean Bart sans se préoccuper du panneau d’interdiction, de l’autorisation municipale et du service de voirie nettoyant la chaussée après le marché du mercredi. Elle se gara à côté d’un autre véhicule de police, officiel celui-là, stationné devant la librairie Majuscule. Devant le bâtiment, un brigadier de faction les attendait.

—Par ici commissaire ! C’est au deuxième étage de l’immeuble, un peu plus loin, au-dessus de la brasserie « Le Milord » ! Lui indiqua ce dernier.

Richard Magnac et son acolyte grimpèrent les escaliers quatre à quatre avant de gagner l’appartement. Un autre brigadier les attendait devant la porte d’entrée et les guida directement vers la salle de bains où se trouvait le cadavre. En jetant un coup d’œil furtif vers le living, Justine remarqua un homme avachi dans un fauteuil. Il était recroquevillé sur lui-même, les coudes appuyés sur ses genoux, la tête entre ses mains. Richard et Justine entrèrent dans la salle de bains.

—Nous n’avons touché à rien ! Nous vous attendions, souligna l’inspecteur Martin, arrivé en premier sur les lieux. J’ai demandé au mari de se tenir à l’écart et de patienter dans le living.

—Merci Martin, répondit le commissaire en se penchant vers le corps, à l’affût du moindre détail.

Son flair, aussi rusé que celui d’un renard, lui permettait souvent de cerner, dans un simple regard, toute la pensée profonde de la victime. Cette première vision, signe d’intuition et de conviction, était primordiale pour la suite de l’enquête.

La victime, une femme à la chevelure blonde, mi- longue, coupée au carré, avait environ trente ans. Couchée sur le ventre, elle était vêtue d’une robe moulante très courte et aux manches 3/4. Une grimace figeait son visage pour l’éternité. Ses yeux, encore larmoyants de douleur, fixaient la baignoire et sa joue droite reposait sur le sol. Sa bouche béante donnait l’impression de crier, dans un ultime souffle, toute la détresse subite qui l’avait envahie.

Le corps était face au lavabo, les jambes légèrement pliées, le bras droit le long du corps et le gauche allongé au-dessus de la tête. La main était ouverte, doigts écartelés, comme si elle avait voulu se retenir à l’évier pour ne pas s’écrouler par terre. Une grosse tache de sang, écoulée depuis le dessus de la tempe et de l’arcade sourcilière droite, s’était répandue autour de son visage. Un contraste poignant entre l’hémoglobine et le blanc du carrelage.

Dans sa chute, le lavabo, lui aussi, avait été éclaboussé. Peut-être l’avait-elle heurté en tombant et avait dû emporter, avec son bras gauche, quelques produits de maquillage posés sur la tablette scellée au mur près de l’évier. Un flacon de parfum « Midnight Poison de Dior » était brisé en mille morceaux sur le sol.

—Pauvre femme ! Pensa Richard en fixant le faciès de la dépouille.

—À quoi penses-tu Richard ? Lui demanda Justine qui semblait plus qu’émue, par le regard de cette fille.

Elle aussi avait discerné un appel de désespoir dans ces yeux éteints. Elle ressentait un sentiment d’injustice, difficile à accepter lorsqu’il s’agissait d’une personne de son âge ou plus jeune, surtout si elle était de sexe féminin.

—Tiens, sèche tes yeux, lui répondit-il en lui tendant un mouchoir. Tu t’habitueras à la longue! Derrière ta carcasse, que tu te veux d’acier, se cache un vrai cœur tendre. Parfois trop !

—Ne te moque pas de moi Richard, s’il te plaît. Tu connais très bien ma sensibilité. Alors merde et dis-moi le fond de ta pensée !

—Accident ? Non ! Ce serait trop stupide. Accident et suicide en même temps, cela se pourrait...

—Tu crois qu’elle aurait pu être dans un état hypnagogique au point de chuter dans la salle de bains, après l’absorption d’une drogue ou d’un cocktail explosif ?

—Venir se faire vomir dans un dernier réflexe de survie avant de sombrer dans l’inconscience, c’est plausible !

—Allons Richard, tu me fais louper une casserole de moules à La Panne! Et dire que j’attendais ce moment depuis l’ouverture de la saison des Jumbo de Zélande en Belgique, lança Robert Dubois, le médecin légiste, en arrivant sur les lieux.

—Tu ne m’as pas invité ! Lui répondit Richard, un sourire moqueur sur les lèvres, donc il faudra bien que tu te contentes d’un jambon beurre devant ton macchabée à la morgue. Vengeance cher ami, vengeance !

Et il lui serra la main en toute amitié. Justine et le commissaire laissèrent le légiste à son boulot et se rendirent dans le salon où l’inspecteur Martin les attendait en compagnie du mari, Yorick Leroy. Quand ils arrivèrent dans le salon, Yorick était debout devant la porte-fenêtre donnant sur le balcon et semblait scruter la statue de Jean Bart à travers les feuilles des arbres. C’était, en tout cas, l’impression qu’il donnait à Justine, d’après l’inclinaison de sa tête.

—Désolé, franchement désolé, monsieur Leroy ! Je vous prie d’accepter toutes mes condoléances, lui adressa Richard en s’avançant vers lui.

—Merci commissaire, ajouta-t-il en sanglotant avant de lui faire face, mais c’est tellement horrible ce qui m’arrive. Et dire que je lui préparais une surprise pour notre anniversaire de mariage demain. C’est affreux !

Les yeux noisette de Yorick étaient rougis par le chagrin. Il avait le regard égaré et son comportement de mari éperdu contrastait avec sa carrure. Grand brun basané, au style méditerranéen, stature imposante, il donnait plutôt l’impression d’être une personne au caractère dur.

—Je compatis à votre douleur, répondit Justine. Et si vous voulez bien vous asseoir au salon, nous serons plus à l’aise pour vous poser quelques questions. Dites-moi monsieur Leroy, comment s’appelait votre épouse ?

—Éva ! Éva Lambert, de son nom de jeune fille, née à Calais en 1983 le,... euh, le 20, non le 21 novembre. Pardon... c’est l’émotion !

―Quand et comment l’avez-vous trouvée ? Questionna Richard.

—Je suis rentré du Carrefour de Saint-Pol-Sur-Mer un peu après 17h30, 17h40 peut-être ! Mais je n’ai pas vraiment prêté attention à l’heure. Je pensais trouver Éva dans le salon en train de regarder la télé car c’est une adepte des émissions de téléréalité de fin d’après-midi. Ne la voyant pas et comme le téléviseur était éteint, j’ai cru qu’elle se reposait dans la chambre donc je ne me suis pas inquiété. C’est quelques minutes plus tard, en allant aux toilettes, que je l’ai découverte. Je vous ai téléphoné immédiatement !

Pendant que Richard continuait à questionner le mari d’Éva, Justine avait rejoint l’inspecteur Martin qui venait de l’interpeller de la cuisine. La scientifique venait de débarquer.

—Et vous pensez que c’est un accident, une malencontreuse chute ? Poursuivit Richard.

—Je ne pense rien commissaire, je suis encore sous le choc ! C’est tellement atroce, je suis bouleversé, désespéré.

—Ok d’accord, je ne vais pas vous importuner plus longtemps. On reprendra cette conversation plus tard, quand vous aurez recouvré vos esprits. Je comprends...

Alors que le commissaire se leva du fauteuil et prit congé de Yorick Leroy, Justine revint au salon.

―Horacio et ses potes de la scientifique ont débarqué commissaire.

—Ah ! C’est le rouquin qui est de service aujourd’hui lieutenante ? Répondit Richard en lui adressant un discret sourire narquois.

—Il me semble que je vous en avais déjà parlé dans la voiture, commissaire. J’ai bien dit Miami, non ?

Juste avant de quitter l’appartement, Richard fit demi-tour pour revenir un instant dans le salon. À l’aide d’un gant en latex qu’il venait de dérober à la scientifique, il prit délicatement par le pied, le verre vide posé sur la desserte à côté du divan, juste derrière une composition florale. Il porta le récipient à son nez et le huma en le faisant tourner à plusieurs reprises entre ses doigts.

—Vous êtes-vous servis un verre d’alcool en rentrant ? Demanda-t-il à l’époux de la victime.

—Non, je... non... c’est, c’est certainement le verre de ma femme. Oui c’est certain ! C’est celui de ma femme. Elle buvait assez bien ces derniers jours...

—À demain monsieur Leroy ! Courage, reposez-vous. Je reviendrai vous voir demain, vers 10h.

Richard sortit de l’appartement en compagnie de sa collègue, laissant la police scientifique et le médecin légiste faire leur boulot respectif. Ils regagnèrent leur véhicule de service sans mot dire. Justine comprenait que ce silence trahissait un détail qui chiffonnait son chef. Avant de mettre le moteur de la Scénic en marche, Justine se tourna vers Richard, déjà installé sur le siège passager.

—Ce n’est pas un accident, à voir ta moue ! J’avais complètement zappé le verre sur la desserte. Est-ce le verre qui te turlupine ?

—Non ce sont plutôt les réponses du mari ! Il s’est vraiment senti mal à l’aise pendant mon interrogatoire. Il aurait pu mentir en faisant croire que c’était son verre. Alcool plus barbituriques, voilà un cocktail bien détonnant !

—Donc suicide ! Mais comment es-tu au courant pour les barbituriques ? Je ne t’en ai pas encore parlé. Ce n’est pas en reniflant cette coupe vide tout de même ?

—Non, ce n’est pas une question d’odorat, mais de vue ma chère ! En passant devant la cuisine, j'ai jeté un œil furtivement. La boîte de Mogadon traînant sur l’évier m’a interpellé... et maintenant si tu démarrais et me déposais directement Rue Dupouy ! Cela serait gentil de ta part.

—Pas question Richard ! Tu dois repasser par la case départ.

—Et pourquoi devrais-je retourner au commissariat ?

—Comme cela, tu rentreras à pied ! La marche, c’est vachement bon pour éliminer sa brioche. Foi de sportive !

—M’enfin quelle mouche t’a piquée? Justine, tu pousses le bouchon un peu loin ! J’ai déjà fait le parcours à pied ce matin.

—Oh Richard ! Et la plaisanterie quoi ? Je te taquinais ! Je suppose que tu n’es pas contre d’aller prendre un pot au Tormore Pub ? Soirée à moitié foutue ou foutue pour de bon, c’est kif-kif ! Non ?

 

Les auteurs

 

A nous milord

Roger Constantin et Krystel à gauche.

A droite Clair Pirotton épouse de Roger ou de Christian, c'est selon...

 

L'improbable alliance de deux auteurs que rien ne réunissait au départ sauf cet incroyable challenge d'écrire un polar.

Roger Constantin vit au sud de Liège dans les Ardennes belges et son premier roman aborde le domaine sentimental aux dimensions fantastiques.

Krystel habite Dunkerque et écrit des romans historiques, passionnée par la vie de Louis XIV.

Ensemble, ils ont relevé le défi.

 

 

 

Source des photos d'illustration : clairmandreza©2018  www.voyagerapetitprix.com

 

 

 

 

 

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