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Votre voyage en avion est plus vert que votre frigo !

"Votre voyage en avion est plus vert que votre réfrigérateur !

Geert Noels

 Économiste Econopolis

 

Le numéro un absolu dans le débat sur le climat n’est jamais cité ou pointé du doigt: il s’agit de l’air conditionné et des réfrigérateurs, rappelle Geert Noels.

Leur impact environnemental est 16 fois plus élevé que celui des avions.

 

Aafrigo

 

"Anuna* prend l’avion." Quel scandale! "

Si c’est le cas, elle ne pourra plus être la porte-parole des défenseurs du climat." En fait, elle le pourra. À l’avenir, Anuna pourra continuer à prendre l’avion, ainsi que 8 milliards d’autres passagers en 2035.

L’avion est moins dommageable que le TGV au niveau environnemental. Et voler devient plus écologique, plus sûr et plus durable. Les transports aériens ne seront jamais 100% écologiques, mais les liens qu’ils créent entre les différentes parties du monde sont nécessaires et ne disparaîtront pas.

Le transport aérien est souvent montré du doigt dans les discussions sur le climat. Lorsque l’on cherche les responsables de pollutions excessives, on a tendance à accuser facilement les avions. Mais c’est en partie injustifié. Chaque année, plus de 4 milliards de passagers prennent l’avion.

L’aéronautique est responsable de 2% des émissions annuelles de CO2 provoquées par l’activité humaine, qui représentent 12% des émissions totales du secteur du transport. Mais alors que le transport aérien ne représente que 0,5% du volume, il compte 35% de la valeur transportée. 80% des voyages en avion portent sur des distances supérieures à 1.500 km, pour lesquelles il n’existe pratiquement aucune solution alternative par voie terrestre. Si l’aéronautique était un pays, il serait le 20e au monde en termes de PIB, un peu avant la Belgique.

 

En avion pour des clopinettes

Que faut-il penser des déplacements incroyables avec les compagnies low cost? Certains d’entre nous estiment qu’il est inacceptable que l’on puisse se rendre à peu près partout dans le monde en avion pour des clopinettes. Pourtant, les compagnies low cost ne sont pas des associations caritatives et sont plus rentables que la plupart des autres compagnies aériennes. Elles utilisent des appareils dernier cri, remplissent leurs avions au maximum, volent de manière aussi efficace et propre que possible et font tout pour éviter les consommations inutiles de carburant.

Un billet d’avion pour un city trip coûte parfois moins cher que le prix de la course en taxi de l’aéroport au centre-ville. Oui, mais votre voisin dans l’avion a peut-être payé plusieurs fois le montant de votre billet, parce qu’il a des bagages ou a réservé tardivement.

Les Ryanair de ce monde sont bien organisé, et si les taxis l’étaient autant, ils seraient des… Uber. Si l’on voulait rendre un billet d’avion Bruxelles-Barcelone climatiquement neutre, le prix devrait être relevé de 6 à 15 euros. Si le billet coûte 200 euros de plus, cela n’a plus rien à voir avec le CO2 ni le coût des gaz à effet de serre, mais avec d’autres raisons que vous pouvez imaginer.

La durée de vie moyenne d’un avion de transport de passagers est supérieure à 20 ans. Le concept du Boeing 747 date de la fin des années 1960. Le populaire 737 a volé pour la première fois en 1967, l’année fantastique où je suis né. Depuis cette époque, les appareils ont beaucoup évolué et sont 80% plus efficaces que dans les années 1960, grâce à l’amélioration des moteurs, à l’électronique, au design des ailes, à l’usage des matériaux composites, etc.

 

Se déplacer sur de grandes distances

On entend souvent dire qu’il faudrait construire des TGV à grande échelle pour sauver le climat. Dans la plupart des calculs, le train se classe un tout petit peu mieux que l’avion, mais pas toujours. Les trains consomment beaucoup d’énergie – qui doit être produite – et l’installation de voies ferrées en acier et en béton n’est pas particulièrement écologique. Ce n’est pas non plus le cas de la construction des aéroports, mais leur impact est plus limité.

Il y a peu, le quotidien néerlandais NRC a publié un article au titre interpellant: "Le TGV ne consomme pas moins qu’un Boeing." Ce message a été considéré comme un blasphème dans le temple climatique.

Le problème n’est pas tant l’efficacité de l’avion ou du TGV, mais le besoin de l’Homme de se déplacer sur de grandes distances. Et cela ne changera pas. Cette tendance ne fera qu’augmenter et les chiffres devraient doubler sur un horizon de 20 ans. Et même si la Belgique interdit les voyages en avion, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis continueront à les développer.

L’effet de rapprochement des transports en avion a beaucoup de valeur, et nous ne reviendrons pas en arrière. Les pays ou les villes qui décideront de mettre fin aux liaisons aériennes seront rétrogradés à des niveaux proches de ceux d’une économie émergente.

Les technologies continueront aussi à progresser. Le MIT et la NASA travaillent aujourd’hui à l’avion du futur: l’Aurora D8, baptisé "The double bubble", dont la pollution sonore sera réduite de 50% et les rejets dans l’atmosphère de 70% par rapport aux appareils conventionnels. Et ce n’est qu’un début, car les grands avionneurs travaillent à de nouveaux designs, de nouveaux carburants (à base d’algues, mais aussi d’électricité et d’hydrogène) et à des moyens d’améliorer les anciens appareils.

Une vaste étude de 200 chercheurs compilée dans le livre "Drawdown", classe 100 solutions par ordre d’impact sur le climat. Le mot anglais "Drawdown" représente le moment où le CO2 diminue, et donc le point pivot des gaz à effet de serre. Le transport aérien se situe à la 43e place en termes d’impact, entre les pompes à chaleur (42) et l’éclairage LED (44).

 

Que faire pour sauvegarder le climat?

Les mesures susceptibles d’avoir l’impact le plus important sur le climat seraient la conservation et le reboisement des forêts tropicales (5), un régime alimentaire essentiellement végétarien (4), la réduction du gaspillage alimentaire (3) et l’installation d’éoliennes (2).

Le numéro un absolu dans le débat sur le climat n’est jamais cité ou pointé du doigt: il s’agit de l’air conditionné et des réfrigérateurs. Leur impact environnemental est 16 fois plus élevé que celui des avions, et près de 50% supérieur à celui de la forêt vierge. Ce même frigo s’est déjà retrouvé à l’origine des problèmes climatiques ayant provoqué le trou dans la couche d’ozone. Mais grâce au Protocole de Montréal signé en 1987, cette question a été résolue.

Nos réfrigérateurs sont donc un des principaux responsables des problèmes climatiques de ces 50 dernières années. Maintenant que vous le savez, arrêtez de stigmatiser les avions, et fâchez-vous contre votre frigo.

*Anuna (De Wever) est la jeune activiste à l’initiative des marches des jeunes pour le climat.

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Économiste Econopolis

Source: L'Echo

 

 

 

 

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